L'Histoire
Bien que Boukhara ait été fondée au 4ème ou 5ème siècle avant notre ère, son apogée date du Moyen-Âge, où elle est devenue un important poste de commerce sur la Route de la Soie. Peu après, la ville devint un centre florissant pour les arts et la littérature et le centre d’un riche brassage culturel.
Célèbre pour son incomparable bibliothèque, Boukhara attire depuis toujours des érudits ainsi que des artisans talentueux venus de par le monde. Le savoir-faire en miniature développé ici, par exemple, ainsi de nombreux autres métiers traditionnels transmis de génération en génération sont encore pratiqués aujourd’hui.
Boukhara est un important centre culturel et une destination touristique prisée pour ses monuments magnifiquement restaurés et son artisanat traditionnel, notamment la broderie au fil d’or et l’art du métal.
Kalyan Minaret
Parmi les monuments les plus frappants, l’élégant minaret de Kalyan est un véritable exploit architectural en briques de terre cuite s’élevant à 48 m de hauteur. Cet édifice est si impressionnant que lorsque Genghis Khan a pris d’assaut la ville de Boukhara en 1220, il épargna la destruction de la tour.
Commanditée par l’architecte Arslan Khan en 1127 (énigmatiquement connu sous le nom de Bako), la légende raconte que celui-ci a d’abord posé les fondations, réalisées à partir d’un précieux albâtre mélangé avec du lait de chameau, puis a disparu pour ne revenir que deux ans plus tard, une fois les fondations bien établies.
La maçonnerie, les bandes de motifs géométriques dominant le ciel et le carrelage turquoise reflétant la lumière ont fait de ce minaret une véritable pièce maîtresse aux côtés de la mosquée Kalyan. Le minaret était conçu comme une architecture religieuse, mais a également servi de tour de guet et de point de repère pour les marchands empruntant la Route de la Soie. Anecdote particulière, son surnom, la Tour de la Mort, fait référence à l’ancienne pratique consistant à exécuter les criminels en les jetant depuis le dernier étage.
Ce monument est à couper à souffle, le minaret ainsi que l’escalier en colimaçon à l’intérieur ayant été rénovés en 1997 pour le 2500ème anniversaire de la ville.
Arche de Boukhara
L’arche de Boukhara est une imposante forteresse et un symbole ancien de pouvoir. Ce fut également la résidence de nombreuses cours royales au cours des siècles. Les archéologues ont découvert sur ce site des vestiges d’une citadelle datant du 4ème siècle avant notre ère. La forteresse actuelle se dresse désormais sur une colline artificielle de 20m de haut, édifiée au fil des siècles alors que des bâtiments s’élevaient et s’effondraient à cet endroit même.
Occupée à partir du 5ème siècle jusqu’en 1920, l’Arche était une ville dans la ville, accueillant des émirs, des hauts vizirs, des chefs militaires et une multitude de serviteurs. Derrière les murs se trouvaient des palais et des prisons, des mosquées et des écuries. Au Moyen Âge, de grands érudits tels qu’Avicenne, Farabi et même Omar Khayyam travaillaient ici, étudiant dans la célèbre bibliothèque.
Aujourd’hui, alors que nous marchons sous les puissants contreforts vers l’imposant portail du 18ème siècle et bien que de nombreux bâtiments intérieurs soient maintenant en ruines, l’arche est ouverte au public et l’ampleur de cette ancienne forteresse ne cessera jamais d’ impressionner ses visiteurs.
Le Mausolée des Samanides ou tombeau d’Ismael
Le mausolée des Samanides est un monument de petite taille situé dans un parc en dehors de la ville, sur un ancien cimetière où ont même été enterrés certains khans.
Cet édifice aux détails majestueux, magnifiquement symétrique et surmonté d’un dôme bas, a été construit comme lieu de repos pour Ismail Samani, fondateur de la dynastie des Samanides, et constitue l’unique monument encore préservé des Samanides. Tout comme le minaret de Kalyan, il a échappé aux destructions de Gengis Khan car, construit en 892-943 de notre ère, il était alors recouvert de boue après plusieurs inondations.
Redécouvert en 1934, le mausolée fut méticuleusement reconstruit, bien que ses anciens murs en terre cuite n’aient jamais eu besoin d’être restaurés grâce à leur épaisseur. Le mausolée d’Ismaël est un exemple saisissant de l’architecture d’Asie Centrale, une fusion exquise entre les œuvres zoroastriennes et islamiques. Rappelant un temple de feu zoroastrien avec des contreforts Sogdiens et une architecture à 4 arches, la structure présente une façade avec une maçonnerie incroyablement complexe qui reflète la lumière avec ingéniosité, la rendant unique à chaque moment de la journée.
Les motifs circulaires décoratifs sont typiquement inspirés des œuvres zoroastriens, tandis que les motifs géométriques illustrent l’art islamique.
La précision étonnante de la maçonnerie crée une atmosphère merveilleuse et sereine, ce qui en a fait un lieu de repos pour les grands dirigeants.
Lyad-i Hauz
À l’ombre d’arbres centenaires, le Lyad-i Hauz a un air de grandeur et de tranquillité. Cette zone entoure l’un des plus anciens étangs, ou réservoirs, de Boukhara (Hauz). Elle constitue aujourd’hui la pièce maîtresse d’un magnifique ensemble qui a peu changé depuis sa construction au XVIIe siècle.
Lyab-i Hauz a été commandité par le puissant vizir Nadir Divan Beghi, et deux des bâtiments portent encore son nom. La plus ancienne structure est la Madrasa de Kukeldash, la plus grande de Boukhara, fondée en 1568. On ne peut qu’admirer ses superbes dalles au plafond en or et indigo.
L’étang lui-même est respectivement entouré à l’Ouest et à l’Est par le Nadir Divan Beghi Khanaka (1620) et le Nadir Divan Beghi Madrasah (1622). La Madrasa possède une cour aérée et isolée, protégée par d’imposants portails aux superbes carreaux de céramiques, tandis que le Khanaka, qui fut à l’origine un pavillon pour les soufis itinérants, est devenu un centre religieux et culturel de premier plan.
Sitora-I Mokhi Khosa
Aucune visite de Boukhara ne serait complète sans la découverte de ce fascinant musée qui a brièvement accueilli le dernier émir de Boukhara.
Construit à l’origine par Nasrullah Khan, il a été reconstruit par son petit-fils au milieu du XIXe siècle et achevé en 1917 par son arrière-petit-fils, le dernier émir de Boukhara.
Aujourd’hui, le palais d’été est assez excentrique et illustre un conglomérat unique de style européen et oriental. Les carreaux de l’imposant portail, par exemple, représentent une combinaison éclatante de mosaïque traditionnelle et de motifs géométriques influencés par la Russie. Des artisans orientaux et russes ont travaillé ensemble pour réaliser ce palais et il semblerait que chacun d’entre eux ait souhaité montrer leurs talents respectifs.
Le résultat ? Une cacophonie de couleurs mais un monument absolument somptueux. Dans la salle blanche, par exemple, il ne reste plus un seul centimètre disponible. Les meubles sont éclectiques également – un lustre polonais, des poignées de porte anglaises et des carreaux de cheminée allemands, pour n’en nommer que quelques-uns – mais les magnifiques ornements en stuc sont indéniablement du style Boukharan Ganch.
Le palais d’été Sitora-I Mokhi Khosa est désormais un musée ouvert au public. Outre l’élégante roseraie et les cours intérieures, les visiteurs peuvent également admirer une impressionnante collection de somptueux costumes nationaux.