L'histoire
Une colonie fondée il y a plus de 2 700 ans a fait de cette ville l’une des plus anciennes d’Asie Centrale. Aujourd’hui, Samarkand se trouve sur le site d’une ancienne colonie, Afrasiab, appartenant au mystérieux empire Sogdiane.
La ville tomba entre les mains de Gengis Khan en 1220 mais celle-ci se révolta cent cinquante ans plus tard contre ses dirigeants Mongols. Elle devint finalement la capitale de la dynastie des Timourides au XIVe siècle et un centre florissant de commerce, d’apprentissage et d’arts.
Aujourd’hui, de nombreux bâtiments historiques ont été restaurés et la ville jouit d’une renommée mondiale en tant que fleuron de l’architecture islamique.
Place du Régistan
Cœur palpitant de la ville antique, l’impressionnante place publique du Régistan est toujours bordée de manière symétrique sur trois côtés par de gigantesques madrasas : Ulugh Beg, Sher-Dor et Tilya-Kori. D’immenses portails se font face à travers l’espace ouvert, leurs tuiles vernis reflétant l’or du soleil du désert tandis que les dômes éblouissants ressemblent à des morceaux de ciel bleu. Les minarets se dressent fièrement de chaque côté et la beauté des pavés illustre parfaitement l’attention portée aux détails des talentueux artisans.
Madrasa d'Ulugh Beg
Construit vers 1418 de notre ère, il s’agit du plus ancien chef-d’œuvre architectural de Samarkand. Au Moyen-Âge, le collège de Samarkand attira les esprits les plus brillants de toute l’Asie Centrale, affirmant ainsi Samarkand comme un centre privilégié pour l’apprentissage. À son apogée, le collège pouvait accueillir 80 étudiants, principalement spécialisés dans les domaines des mathématiques, de l’astronomie, de la littérature arabe et de la religion.
Aujourd’hui, il surprend les visiteurs par sa parfaite symétrie et ses motifs géométriques audacieux qui ornent la façade. De nobles minarets complètent la mise en scène de manière spectaculaire.
Madrasa du Sher-Dor
Lors de sa construction au début des années 1600, cet édifice représentait un véritable exploit architectural. À l’instar de la grande madrasa Ulugh Beg, le nouveau collège comprenait également un quadrilatère intérieur, des cellules d’étudiant khudjra et deux salles de classe.
Cet édifice est décoré d’ornements lumineux en brique émaillée aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, tandis que des majoliques aux motifs floraux remontent le long des minarets, ornés de citations du Coran en écriture arabe florissante.
Tilya-Kori - La madrasa dorée
Située au Nord de la Place Registan, Tilya Kori est la plus récente et la plus grande des 3 madrasas grâce à son impressionnante façade de 120m de haut. À l’intérieur, les fenêtres imbriquées dans les arches conduisent le regard vers le magnifique dôme aux tuiles bleu-turquoise et dorées. La madrasa est ornée d’arabesques florales sur lesquelles les artisans ont porté une grande attention aux détails. Ce monument est absolument unique. En effet, les façades des minarets étant généralement bleues, Tilya Kori échappe à la règle en étant couvert d’or aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur ! Le hall principal de cette grande mosquée scintille grâce aux tuiles dorées et les luminaires choisis avec goûts complètent cette atmosphère somptueuse. Les détails, la profondeur des couleurs de ces mosaïques participent à la magnificence de ce lieu. Tilya Kori peut se prévaloir d’être le monument le plus spectaculaire de Samarkand.
Bibi Khanym
Il est difficile d’imaginer que cette incroyable mosquée n’était qu’un champ de ruines hantant la Route de la Soie quelques siècles plus tôt. Restaurée de manière méticuleuse, Bibi Khanym s’élève à nouveau vers le ciel, aussi resplendissant qu’autrefois.
Ce projet audacieux fut commandité par le grand guerrier et roi Timour (1336-1405). Il souhaitait construire la mosquée la plus impressionnante que l’on n’ait jamais vue, mais toute la complexité résidait dans les délais de construction. En effet, Timour tenait à ce que le monument soit achevé avant sa prochaine campagne militaire. Cent des meilleurs maçons et artisans, ainsi qu’une centaine d’éléphants ont ainsi été réquisitionnés des quatres coins de l’Empire. Ils ont travaillé avec ferveur pour finaliser cette immense structure en seulement cinq ans, avant le retour de Timour. Mais lorsque Timour aperçut la mosquée, il ne fut pas satisfait du résultat et ordonna d’agrandrir davantage le dôme central ainsi que le portail.
Néanmoins ses projets furent bien trop ambitieux. En seulement quelques années, les briques s’effondrèrent sur les fidèles de la mosquée, le hall principal ne pouvant soutenir plus de 10 000 briques à la fois. Après la mort de Timour, le monument fut donc peu à peu laissé à l’abandon.
Aujourd’hui, cet édifice dédié à la femme préférée de Timour représente l’une des plus belles mosquées de la ville. Absolument grandiose, son immense architecture est à couper le souffle et le dôme principal de 40m de haut est lumineux grâce à sa tonalité bleue turquoise, tel le ciel bleu reposant sur des centaines de piliers en marbre. Un nouveau souffle a été apporté aux paysages aux alentours et Bibi Khanym, surplombant désormais un agréable parc, devenant ainsi l’un des spots touristiques incontournables de Samarkand. Selon la légende, une immense pierre mettant à l’honneur le Coran, élaborée et enterrée par le petit-fils de Timour, Ulugh Beg serait dotée de pouvoirs de guérison.
Le Mausolée de Gour-Emir
Ici reposent les Khans de la dynastie Timuride – Timour lui-même (plus connu sous le nom de Tamerlan), ses deux fils et son petit-fils, le Grand Ulugh Beg. Ayant plus de 700 ans, ce mausolée où repose en paix cette dynastie, est entourée d’une atmosphère majestueuse.
La solennité du hall intérieur va de pair avec la superbe mosaïque qui recouvre chaque centimètre des murs. Les riches tonalités de bleus contrastent avec des teintes dorées, rendant l’atmosphère de la pièce entière tout à fait saisissante. Les tuiles vernis au cœur des niches profondes se reflètent telles les lueurs de chandeliers et les motifs floraux et géométriques parfaitement exécutés recouvrant les murs rendent le lieu absolument fascinant. Le sol en marbre et les panneaux muraux en onyx achèvent de rendre cet endroit digne des plus grands empereurs.
Les sarcophages sont réalisés en marbre poli. Celui de Timour est parfaitement identifiable, sa dalle de jade noire fut autrefois un symbole religieux en Chine et servit plus tard pour le trône du descendant de Genghis Khan dans le Khanate Chagatai.
Le complexe du Gour-Emir était autrefois constitué d’une madrasa et khanaka, dont on peut toujours apercevoir les ruines. Le mausolée lui-même se détériora avant d’être finalement rénové au siècle dernier. Aujourd’hui, les visiteurs passent sous un imposant portail composé de briques sculptées et de carreaux finement décorés, menant vers la petite cour intérieure. Les détails des carreaux et de la mosaïque de la façade s’entrelacent jusqu’en haut des deux minarets, de chaque côté du mausolée, surplombé par son dôme si unique.
Sans aucun doute, cet édifice prestigieux joua un rôle central dans le développement de l’architecture islamique et Monghole, servant de modèle à de nombreux mausolées tel que le Taj Mahal en Inde édifié par les descendants de Timour.
La tombe du Prophète Daniel
Sur une petite colline située vers la rivière Zeravchan se dresse un modeste monument composé de cinq dômes. Il s’agit de la tombe du Prophète de l’Ancien Testament Daniel (Daniyar), honoré aussi bien par les Juifs, par les Chrétiens que par les Musulmans.
Cette tombe et son sarcophage de 18m de long sont empreints de mystères. La légende dit que le grand Timour a ramené les restes du Prophète Daniel à cet endroit depuis Suse, en Iran et que les reliques sacrées ne cessent de proliférer depuis, ce qui explique la longueur du sarcophage (bien que d’autres légendes parlent de sa longueur comme d’un moyen de tromper les éventuels voleurs quant à l’emplacement exact des reliques). Quoi qu’il en soit, la Tombe du Prophète Daniel et la terre sainte tout autour sont un lieu de pèlerinage apaisant au sein de cette ville grouillante d’activités.
La nécropole Chah-e-Zindeh
Aucun voyage dans la ville de Samarkand ne serait complet sans un détour par la nécropole Chah-e-Zindeh, un labyrinthe de rues médiévales en phase avec quelques-unes des tombes les plus fascinantes de la ville, certaines ayant plus de 1 000 ans. Il s’agit de la partie la plus ancienne de Samarkand, qui borde le site archéologique Afrasiab. La légende raconte que Koussam Ibn Abbas, cousin du Prophète Mahomet, a été enterré ici, d’où le nom de Chah-e-Zindeh, Tombe du Roi Vivant.
La nécropole comprend des mausolées et architectures du 9ème au 14ème siècles et du 19ème siècle. Des fragments des premières architectures caractéristiques de l’art islamique sont également présents sur ce site.
Le complexe dédié à la famille proche de Timour comprend un tombeau royal datant du 14ème siècle. Richement décorés avec les mosaïques ornées, les monuments représentent le travail le plus finement réalisé sur tuiles du monde musulman. Le mausolée de la nièce et de la sœur de Timour, construit en 1372, en est l’exemple le plus saisissant – les mosaïques ici ont été si finement réalisées qu’aucune rénovation importante ne fut nécessaire, même après 700 ans.
Une ancienne porte sculptée en bois nous transporte vers des allées médiévales, en phase avec les tombes d’autres familles nobles. La plupart des monuments ont récemment été restaurés, donnant à ce lieu une atmosphère orientale riche en couleurs bleues et blanches éclatantes.
Au sommet des 40 marches de la nécropole Chah-e-Zindeh se dresse vue magistrale : un ensemble de dômes, aussi unique que chacune des personnes pour lesquelles ils ont été construits – lisse, sobre, doté de tuiles, large, petit, pointu – chacun d’entre eux porte son propre style résumant parfaitement le charme et la diversité de l’architecture de la Route de la Soie.
Complexe commémoratif Al-Boukhârî
Contrastant avec la Tombe du Prophète Daniel, celle de l’incroyable érudit musulman Al-Boukhârî (810-870) est marquée par un splendide complexe commémoratif construit en 1998 sur le site où se trouve sa tombe en l’honneur du 1 225ème anniversaire de l’imam.
Né à Boukhara en 810, Al-Boukhârî était un élève exceptionnellement doué qui a dédié sa vie à recueillir les paroles du Prophète Mahomet. Au cours de sa vie, il a énormément voyagé, rassemblant plus de 600 000 Hadîth (communication orale) et veillant à la publication de plusieurs livres hautement estimés.
Son mémorial, situé dans le village où il passa les dernières années de sa vie à 25km au nord de Samarkand, accueille aujourd’hui de nombreux visiteurs passant par son impressionnant portail. À l’intérieur du complexe, des pelouses et parterres de fleurs immaculés rassemblent des salles de prières. Le mausolée au dôme bleu lisse au-dessus de la tombe est tout simplement saisissant grâce à la splendeur de ses carreaux vernis de teintes exotiques vertes, bleues et blanches ainsi que par ses matériaux (onyx, marbre et granit), et constitue l’un des plus beaux exemples de l’artisanat moderne islamique. Les tonalités choisies pour les dômes et les carreaux de céramique apportent une sensation d’harmonie à l’ensemble. Les arbres plantés autour de la mosquée originale du 16ème siècle sont toujours les mêmes aujourd’hui.
Ce complexe accueille également une bibliothèque comprenant quelques-uns des plus rares manuscrits de l’Islam et une madrasa toujours en activité.
L’Observatoire d'Ulugh Beg
Ulugh Beg fut l’un des personnages les plus remarquables du Moyen-Âge. Incroyable étudiant, leader d’un Empire, extraordinaire astronome, il a commandité la construction de ce phénoménal Observatoire il y a environ 600 ans, depuis lequel il a cartographié les étoiles avec une remarquable précision.
Bien que seuls les souterrains soient restés intacts, dans les années 1420, ce lieu était tout simplement incontournable.
Remarquable tour de force à la fois en matière de technologie et d’ingénierie, cette structure cylindrique de 30m de haut sur 3 étages abritait un équipement de pointe et le plus large instrument dédié à l’astronomie avant l’arrivée des premiers télescopes. L’axe principal était réalisé en briques cuites, vernis avec du marbre poli, mais c’était surtout l’échelle de l’observatoire qui permit de faire des calculs aussi précis : un degré de l’axe méridien faisait 70 cm de long.
Ulugh Beg a travaillé avec les meilleurs scientifiques et sa cartographie détaillée des étoiles a été une véritable révélation et a changé les règles dans le monde scientifique puisque sa publication, deux siècles plus tard, à l’Université d’Oxford a provoqué de nombreux remous.
Après la mort d’Ulugh Beg, l’Observatoire et sa bibliothèque composée de plus de 150 000 livres ont été détruits par le clergé fanatique, et à la fin du 17ème siècle il ne restait plus rien de cette spectaculaire architecture. Pendant des siècles, la localisation exacte de l’Observatoire échappa à de nombreux historiens, et bien qu’elle fût redécouverte en 1908, les archéologues ont toujours beaucoup à apprendre des vestiges de l’Observatoire.
Le site fut à nouveau ouvert au public en 1970. Le Musée accueille une fascinante collection d’instruments d’astronomie médiévaux, des copies de la cartographie d’Ulugh Beg et une mini-réplique de ce à quoi ressemblait l’Observatoire avant sa destruction. L’entrée du Musée est décorée de carreaux de céramique or scintillants composés de motifs géométriques rappelant les codes de l’astronomie.